Une farouche liberté

16 mars 2021

Sources d'inspiration

Gisèle Halimi, récit d’une héroïne féministe

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La vie de Gisèle Halimi est celle d’une pionnière, insoumise et authentique. Dans Une farouche liberté, la célèbre avocate, disparue en 2020, revient sur 70 années de combats et d’engagement au service de la justice et de la cause des femmes.

Dans ce livre co-écrit avec la journaliste et autrice Annick Cojean, Gisèle Halimi revient sur les épisodes les plus marquants de sa vie. Il y est question de son enfance révoltée au sein d’une famille où naître fille est une malédiction, de sa défense indéfectible de militants indépendantistes tunisiens et algériens soumis à la torture ou encore de ses grands combats pour l’avortement, la répression du viol et la parité.

Ce récit met en avant les valeurs fondamentales qui ont orienté le chemin de cette héroïne des temps modernes. D’après ma lecture, Gisèle Halimi a agi en harmonie avec les valeurs qui étaient les siennes, ce qui lui a fourni l’énergie nécessaire à œuvrer pour un monde plus juste et humaniste.

Un courage à toute épreuve

Du courage, Gisèle Halimi en a eu, beaucoup. Tout d’abord pour exister aux yeux d’un père qui lui avait très tôt fait ressentir le désespoir qu’était le sien d’avoir eu une fille et qu’elle était « née du mauvais côté ». Du courage également pour démarrer sa carrière d’avocate et évoluer au sein d’une profession, à l’époque, peu habituée à voir des femmes plaider devant les tribunaux. Du courage encore pour aller au bout des défenses qu’elle assurait lors de procès politiques et faire face aux pressions et même aux menaces de mort exercées à son encontre.

« Perpétuer les choses assure une certaine quiétude et provoque toujours moins de heurts que vouloir les changer »

Un combat continu pour la justice

Sa soif éperdue de justice et sa propension à s’insurger contre l’injustice ont naturellement guidé Gisèle Halimi vers le métier d’avocate pénaliste. Plus qu’un métier, avocate était une vocation pour laquelle son engagement était total. Il est d’ailleurs frappant de découvrir le rapport particulier qu’elle pouvait entretenir avec la justice :

« La justice a été la grande affaire de ma vie. Il m’arrive même de parler de « ma » justice pour évoquer la quasi-fusion avec un monde dans lequel j’avais décidé de vivre. Je n’ai cessé de l’interroger, la confronter, la bousculer et lui demander des comptes, dans un tête-à-tête singulier et intime »

Une liberté pour servir celle des autres

Gisèle Halimi était une femme profondément libre. Elle s’est battue pour gagner cette liberté dès son plus jeune âge mais aussi pour la garder et surtout la rendre accessible à d’autres femmes. Elle refusait d’entrer dans un moule, questionnait et remettait tout en cause et avait à cœur de conserver son indépendance, sa liberté de penser, d’agir et de s’exprimer :

« Je décidai que mes mots, cette arme absolue pour défendre, expliquer, convaincre, se prononceraient toujours dans la plus absolue des libertés. Et l’irrespect de toute institution. »

D’autres valeurs ressortent également comme le sens de l’intérêt collectif ou l’intégrité mais il est difficile de toutes les nommer ici tant le parcours de vie de Gisèle Halimi est admirable à mes yeux. L’engagement de Gisèle Halimi auprès des causes qu’elle défendait était inébranlable et intègre. Elle souhaitait changer le monde et y est parvenue. Les victoires associées à ses luttes sont nombreuses : droit à l’IVG, reconnaissance du harcèlement sexuel comme un délit et du viol comme un crime, loi sur la contraception, mesures en faveur de la parité politique et de l’égalité professionnelle…

Une farouche liberté

Une farouche liberté – © Grasset

Je retiens de la lecture de cet ouvrage que l’alignement entre notre identité profonde et nos comportements est un préalable à l’affirmation de soi. C’est en étant cohérent avec nous même que nous favorisons notre accomplissement. C’est aussi en fonction de nos valeurs et de la façon que nous avons de les nourrir que nous pouvons décider du sens à donner à notre vie. Le travail sur les valeurs fait d’ailleurs partie des moyens dont un coach dispose pour accompagner les personnes en transition de vies professionnelles et personnelles.

Une farouche liberté, une lecture essentielle

Certes, les sujets traités dans ce livre sont lourds. Et pourtant, cette lecture n’est pas larmoyante ou fataliste. Au contraire, j’en suis ressorti plein d’envie et d’énergie, prêt à gravir des montagnes ! L’envie d’approfondir mon engagement auprès de causes qui me tiennent à cœur et l’énergie nécessaire pour les faire avancer.

Parce que l’égalité entre hommes et femmes est loin d’être acquise, Une farouche liberté constitue une lecture essentielle pour découvrir le parcours de l’une des grandes figures du féminisme. Et pourquoi pas pour s’en inspirer et s’engager au service d’une cause destinée à changer le monde ?

Une farouche liberté par Gisèle Halimi et Annick Cojean, 153 pages, éditions Grasset, 2020

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